Refus d’un associé de dissoudre la SCI : que faire ? 

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La Société Civile Immobilière (SCI) repose sur un principe fondamental : la réunion de plusieurs associés pour gérer ensemble un patrimoine immobilier. Ces associés, personnes physiques ou morales, mettent en commun des biens, des compétences ou des capitaux dans un but commun, souvent lié à la gestion, la détention ou la transmission de biens immobiliers. Toutefois, comme dans toute société, les associés d’une SCI peuvent avoir des intérêts divergents, des visions opposées sur la gestion ou l’avenir de la société, voire des conflits personnels. 

Parmi les décisions importantes à prendre dans la vie d’une SCI, celle de sa dissolution figure parmi les plus sensibles. Elle marque en effet la fin de la société et entraîne des conséquences juridiques, fiscales et patrimoniales importantes. Mais que se passe-t-il lorsque tous les associés ne sont pas d’accord ? Plus précisément, que faire lorsqu’un ou plusieurs associés refusent de dissoudre la SCI ? On fait le point. 

Dissolution d’une SCI : un acte collectif soumis à décision des associés 

La dissolution d’une SCI ne peut être décidée unilatéralement. Elle doit résulter d’une décision collective, adoptée selon les règles prévues par les statuts de la société. En l’absence de clause particulière, le droit commun des sociétés civiles s’applique. 

Selon l’article 1844-7 du Code civil, une SCI peut être dissoute pour diverses causes, notamment : 

  • l’arrivée du terme prévu dans les statuts ; 
  • la réalisation ou l’extinction de son objet social ; 
  • la décision des associés réunis en assemblée générale extraordinaire ; 
  • la dissolution judiciaire pour juste motif, à la demande d’un associé. 

Dans la majorité des cas, c’est la volonté des associés exprimée en assemblée générale qui déclenche la dissolution volontaire. Cette décision doit être prise dans les conditions fixées par les statuts, qui prévoient généralement une majorité qualifiée, souvent les deux tiers ou les trois quarts des parts sociales. Toutefois, en l’absence de précision dans les statuts, c’est l’unanimité des associés qui est requise (article 1852 du Code civil). 

Le refus d’un associé : dans quels cas peut-il s’exprimer et comment ? 

Un associé peut refuser la dissolution de la SCI de plusieurs façons. Il peut exprimer son opposition lors de l’assemblée générale, par un vote négatif, ou refuser de participer à cette assemblée, ce qui bloque le quorum nécessaire à l’adoption de la résolution si les statuts exigent une unanimité ou une majorité renforcée. 

Son avis est formalisé par un procès-verbal d’assemblée générale, dans lequel sont consignés les votes de chaque associé. Si la majorité exigée n’est pas atteinte, la résolution de dissolution est rejetée. Ce refus peut ainsi bloquer la procédure, même si la majorité des associés souhaite mettre fin à la société. 

Les conséquences d’un refus : blocage, incertitude et tensions 

Le refus d’un ou de plusieurs associés de dissoudre la SCI peut avoir des conséquences importantes. En pratique, cela signifie que la société continue d’exister, même si la majorité des associés souhaite y mettre fin. Cette situation peut générer de fortes tensions, notamment si : 

  • l’objet social est atteint (par exemple, le bien a été vendu ou est inutilisable) ; 
  • la société n’a plus d’activité ; 
  • des conflits personnels rendent toute gestion impossible ; 
  • certains associés souhaitent récupérer leur mise. 

Ce blocage peut engendrer un risque d’immobilisme, voire une paralysie de la gestion. Il peut également exposer les associés à des coûts de fonctionnement inutiles et à des contentieux internes. 

Quels recours pour les associés majoritaires ? 

Lorsque le refus d’un associé empêche la dissolution, les autres associés disposent de plusieurs leviers juridiques pour débloquer la situation. 

Vérifier les statuts de la SCI 

La première étape consiste à examiner les statuts de la SCI. Ceux-ci peuvent prévoir une majorité spécifique pour la décision de dissolution (par exemple, la majorité des deux tiers des parts sociales). Dans ce cas, la décision peut être valablement prise sans l’accord de tous les associés. Si les statuts sont silencieux, c’est l’unanimité qui s’impose, conformément à l’article 1852 du Code civil. 

Demander la dissolution judiciaire pour justes motifs 

Si la dissolution volontaire est impossible en raison d’un blocage, l’article 1844-7, 5° du Code civil permet à un ou plusieurs associés de saisir le tribunal judiciaire pour demander la dissolution judiciaire de la SCI pour « juste motif ». Cela peut être envisagé notamment en cas de : 

  • désaccord profond entre les associés paralysant la gestion ; 
  • inexécution des obligations par un associé
  • impossibilité durable de réaliser l’objet social

Cette procédure peut être longue et nécessite de justifier le caractère irrémédiable du conflit ou l’impasse dans laquelle se trouve la SCI. Le juge appréciera souverainement les éléments présentés et décidera s’il y a lieu ou non à dissolution. 

Quelles alternatives pour surmonter un refus de dissolution ? 

Avant d’engager une procédure judiciaire, il peut être judicieux d’envisager des solutions amiables ou alternatives pour préserver la société ou la faire évoluer. 

Le retrait d’un associé 

Un associé en désaccord peut demander à se retirer de la SCI, conformément à l’article 1869 du Code civil, soit avec l’accord unanime des autres associés, soit en saisissant le tribunal pour obtenir l’autorisation judiciaire du retrait. Cela permet de réorganiser la répartition des parts et d’envisager la dissolution ensuite, si cela devient possible. 

La cession des parts sociales 

Un associé opposé à la dissolution peut également décider de céder ses parts à un autre associé ou à un tiers, moyennant l’agrément prévu dans les statuts. Cette cession peut permettre à la majorité de se recomposer et de franchir le seuil nécessaire pour voter la dissolution. 

La modification des statuts 

Si le blocage tient à une exigence d’unanimité, les associés peuvent envisager une modification des statuts, notamment des règles de majorité, afin de faciliter la prise de décisions importantes comme la dissolution. Cela nécessite toutefois l’unanimité… ce qui peut justement faire défaut. 

Comment sécuriser l’avenir de la SCI ? 

Pour éviter les blocages futurs, il est vivement recommandé de prévoir dès la création de la SCI des clauses statutaires adaptées. Les statuts peuvent notamment fixer : 

  • des règles de majorité claires pour la dissolution ; 
  • une clause de médiation obligatoire en cas de conflit. 

Une révision des statuts en cours de vie sociale est également envisageable pour mieux encadrer les cas de désaccord, notamment lorsqu’une situation de crise survient ou est anticipée. 

Enfin, le recours à un médiateur ou à un avocat spécialisé peut aider à rétablir un dialogue entre associés et à trouver des solutions adaptées aux intérêts de chacun, tout en respectant le cadre légal. 

Ainsi donc, le refus d’un associé de dissoudre une SCI peut constituer un véritable frein à l’évolution ou à la clôture de la société. La loi encadre strictement les modalités de dissolution, laissant une place importante à la volonté collective mais aussi à la protection de la minorité. Face à un blocage, les associés doivent s’appuyer sur les statuts, rechercher des solutions amiables, ou à défaut, saisir le juge pour mettre un terme à une situation devenue intenable. L’anticipation, par des statuts bien rédigés et une gouvernance claire, reste la meilleure arme pour éviter les conflits et garantir une gestion sereine de la société. 

(Crédit photo : iStock – Morsa Images)

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